Tentative de meurtre sur une apparition de la vierge pendant
mon sommeil
Je rêvais d’une vierge nue, au prénom de Marie, les fesses ouvertes
d’où rugissait l’océan. Des vagues d’écumes sortaient de sa bouche,
car ce qui est en bas aspire à rejoindre le ciel, et se coagulaient en
mots grossiers. Je manipulais ses seins pubères avec précaution
pour ne pas les perdre et cachais ses pieds qu’elle avait de
disgracieux dans les plis de ma mémoire. Nulle lumière raisonnable
ne pouvait ternir le miroir de mon rêve sans briser la volupté de mes
coups de langue.
Avec remord, deux chérubins apathiques maintenaient un urinoir
dans lequel ma vierge assurait ses besoins. Ils regrettaient de n’être
adultes pour s’enfuir avec elle dans un hôtel de passe avec vue sur
les trottoirs où clients et prostitués s’agiteraient frénétiquement en
colonne de fourmis donnant l’assaut à une charogne. Ils savaient que
passer plusieurs nuits avec elle, ils l’auraient étripée pour se la
partager équitablement. Ils attendaient le moment propice où les
glandes hypertrophiées de sperme donneraient l’heure du départ.
Quant aux voyeurs, trop occupés à lécher ma croupe exhibée, ils
passaient silencieux pour ne pas m’éveiller à leurs habitudes
lubriques.
Soudain, sorti de la genèse, un enfant décrassé et au sang pur de
toute altération tirait sur ma vierge avec la verge de son père.
Comme nombre d’assassins, il avait attendu que se ferment mes
paupières pour forcer les chairs de ma putain divine.
Les coups de feu sur la défroque bon marché de Marie aurait dû
m’arracher du vicieux sommeil dans lequel mes entrailles m’avaient
plongé. Rien ! Ce n’était pas l’heure d’ouvrir la porte et de laisser se
perdre ma tête entre les cuisses d’un marin. La mer m’épouvante trop
avec son va et vient de questions.
A dormir à la dérive, il était nécessaire que le destin de ma Vierge
s’accomplisse car le bonheur est maladroit et signe la fin du voyage.
De mon rêve, il ne reste que des cendres que j’irai disperser sur un
terrain vague où se croisent les aveugles.
2017